Alexis Tsipras faisait rêver. Il devait être le libérateur, celui qui redonnait dignité et confiance aux Grecs. Tsipras déchaînait les foules, faisait gonfler les cœurs. Tel un chevalier le sabre au clair, il allait libérer la Grèce des chaînes de l’Austérité. Politique sociale, humaine. Tous les éléments étaient là, les bonnes intentions aussi. Presque personne n’en doute. Sauf que depuis, Tsipras est tombé en disgrâce. Les manifestations de jeudi le prouvent. 15 000 personnes rien qu’à Athènes. Le peuple grec avait pourtant redonné sa confiance au parti Syriza en septembre. Mais pour démontrer quoi ?
Realpolitik à la grecque
La gauche de la gauche et même les souverainistes de droite y croyaient. Tsipras qui mène un bras de fer face à l’UE, face à la Troïka. Tsipras qui résiste pour son peuple. Il a même été jusqu’au référendum. Stratégie brillante que d’en appeler aux grecs pour bloquer l’UE. Encore plus brillant de menacer de sortir de l’euro. De la RealPolitik pur jus. On n’oserait pas s’attaquer à la voix du peuple, même à Bruxelles non ? Et pourtant… L’UE a gagné le bras de fer. Tsipras a perdu.
En échange d’un énième plan de sauvetage, la Grèce, asphyxiée et au bord du crash financier, a accepté un plan de réforme tout aussi dur. Certains disent que Tsipras n’a pas eu le choix. D’autres qu’il n’a pas eu le courage d’aller plus loin. Mais ces mesures drastiques, on les attendait depuis des mois. Personne ne se faisait plus d’illusions. Gel des salaires, hausses des taxes, privatisations. C’est contre tout cela que les grecs sont descendus exprimer leur colère hier. Non à la retraite à 67 ans, clament-ils. Mais c’est déjà trop tard.
Les grecs ne voulaient plus d’austérité. Elle ne fait que commencer.
Tsipras est tombé de cheval.