Jean-Pierre Georgin : hommes de bois, hommes de mer

C’est dans la somptueuse Chapelle du collège des Jésuites de la ville d’Eu (Seine-Maritime), qui sert aujourd’hui uniquement de lieu d’exposition, que les amateurs d’art ont pu découvrir, au début de l’été, les œuvres atypiques du sculpteur local Jean-Pierre Georgin. 

jpgeorgin2Quand on pénètre dans la Chapelle du collège des Jésuites, les personnages tout droit sortis de l’imagination du sculpteur tréportais Jean-Pierre Georgin semblent à la fois curieusement statiques mais observateurs. Ils fixent le visiteur et le toisent. Ces hommes de bois revivent entre les mains de leur maître. Et c’est précisément le but de celui-ci. Jean-Pierre Georgin se sert dans ce que la nature lui offre : il effectue un véritable retour aux sources en ramassant des morceaux de bois rejetés par la mer et les transforme, forge, modèle à sa guise. D’insignifiants bouts de bois et de fers de la mer – aussi appelés bois flottés – qui auraient pu errer indéfiniment dans l’immensité de la Manche, ils se muent tantôt en formes humaines, tantôt en formes plus abstraites. Le corps est de bois mais la tête est le plus souvent en bronze fondu par le sculpteur, ce qui crée un intéressant mélange terre et mer.

Choc des matières

La forme n’est pas lisse mais joue, au contraire, sur les disproportions, les angles, les nouages provoqués par un entremêlement de matières, le déséquilibre. Les figures qui peuvent atteindre des hauteurs imposantes, semblent s’étendre à l’infini. Les formes parfois très allongées donnent aux corps une apparence de liane noueuse, de grande marionnette désarticulée et pourtant digne qui ne sont pas sans rappeler les sculptures longilignes d’Alberto Giacometti. Mais ces dernières sont parfois des hommes en mouvement, ce que ne sont pas les personnages de Jean-Pierre Georgin.

jpgeorgin3Pour trouver sa matière brut, l’artiste parcourt inlassablement les plages du Tréport et de Mers-les-Bains. Pour lui, la texture même du bois qu’il trouve est spéciale de par la zone géographique. « Les bois de la Méditerranée et de l’Atlantique n’ont pas la même force qu’ici, le sable les rend un peu mous », confiait-il au Courrier Picard[1] il y a quelques années.

Difficile de mettre des mots sur le style de Jean-Pierre Georgin. Sur son site, le sculpteur alimente volontairement le flou et laisse la porte ouverte à l’interprétation de chacun : « Art brut, art ethnique, à vous de voArt… » !

Pour tous ceux qui sont intéressés par les œuvres de Jean-Pierre Georgin et qui traversent la Normandie, il est possible de visiter le jardin de sculptures à son atelier[2].


Notes :
[1]  A-M.O.,« Au gré des marées, l’artiste nourrit son œuvre », Courrier Picard, 6 octobre 2012.
[2] Pour visiter le jardin de sculptures de Jean-Pierre Georgin, le joindre au 06 24 48 25 86 ou sonner au 58, rue du Docteur Pépin au Tréport. Voir aussi le site Internet de l’artiste.

Auteur : Ella Micheletti

Journaliste indépendante. Ex-EPJ de Tours. M2 droit public. Fondatrice de Voix de l’Hexagone. Beaucoup de politique (française et étrangère). Animaux passionnément. Littérature à la folie.

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