
Depuis 1974, Lutte ouvrière a été représenté à chaque élection présidentielle, d’abord par Arlette Laguiller, puis par Nathalie Arthaud depuis 2012. S’il n’a pas de visée électoraliste, le parti révolutionnaire entend porter encore et toujours la voix des travailleurs. Jean-Pierre Mercier, ouvrier cariste chez PSA, est porte-parole de LO. Il a accepté de s’entretenir avec Voix de L’Hexagone au sujet de son parti, de son fonctionnement, des luttes sociales mais aussi de la laïcité dévoyée par l’extrême droite. Il pointe également du doigt la responsabilité de la gauche de gouvernement depuis 40 ans.
Propos recueillis par Ella Micheletti.
Voix de l’Hexagone : Vous êtes à la fois porte-parole de Lutte ouvrière, ouvrier cariste et représentant syndical chez PSA. En dépit d’une baisse des ventes de 27,8 % en 2020, le groupe a dégagé un bénéfice net supérieur à 2 milliards d’euros. Mais l’augmentation de salaire collective n’a été que de 1,2 %. Que vous inspirent ces chiffres ?
Jean-Pierre Mercier : La révolte. D’autant plus que le chiffre que vous citez est juste. Pour les six premiers mois de l’année 2021, si on ajoute Fiat (qui a été marié à PSA), le bénéficie s’élève même à six milliards. Cela signifie qu’en deux fois moins de temps, le groupe a fait trois fois plus de bénéfices, malgré la crise sanitaire et le contexte économique. Et pourtant, certaines usines ont été forcées de s’arrêter pendant plusieurs semaines à cause de la crise des semi-conducteurs. Le groupe a perdu entre 1,2 et 1,3 million de véhicules qui auraient dû être vendus.
VdH : Comment PSA a-t-il a pu engranger un tel bénéfice au premier semestre 2021 dans ces conditions ?
J.-P.M. : Des milliers d’intérimaires ont été licenciés, dans le monde entier : en Allemagne, en Italie, en Espagne… C’est la même politique. Sinon, la cadence et la vitesse de chaîne ont été augmentées également. On fait peser les charges de travail sur chaque ouvrier. Ceux qui se trouvent en CDI sont forcés de plus travailler. Ce sont les principaux leviers. Enfin, les prix des voitures ont un peu augmenté. Je pense que PSA devrait annoncer en février 8 ou 9 milliards d’euros de bénéfices. Ce qui n’empêchera pas le groupe de servir le discours de la crise économique pour justifier de ne pas augmenter les salaires.

VdH : Les plans sociaux qui touchent les entreprises se multiplient, comme par exemple à PPG-Le Joint français (208 suppressions de postes), à Nocibé (une centaine de salariés licenciés fin décembre), chez l’équipementier automobile SAM, dans l’Aveyron, qui cesse ses activités… Si LO en avait la capacité, quelles seraient ses mesures-phare pour redresser la barre dans ce domaine-là ?
J.-P.M. : D’abord, rien ne pourrait se faire sans la mobilisation des travailleurs. On pourrait avoir une majorité de députés, un gouvernement de LO et Nathalie Arthaud présidente de la République, rien ne se ferait pour autant sans les travailleurs ! Le pouvoir ne se trouve pas là. Il se trouve dans les entreprises, dans les conseils d’administration. Le contre-pouvoir est au cœur même des entreprises, où se fabriquent les plus-values et les dividendes.
Nous revendiquons de répartir le travail entre tous, d’interdire les licenciements et d’augmenter fortement les salaires avec un SMIC de 2 000 euros. C’est Jean Castex lui-même qui a placé la barre à ce niveau avec le chèque-énergie, en estimant que les Français galéraient en-deçà de 2 000 euros de revenus. Et il avait parfaitement raison ! Bien sûr, imposer des augmentations de salaires ne suffit pas, et notre idée est donc d’imposer aussi un système avec lequel les salaires progressent en même temps que l’inflation. Ces mesures coûtent de l’argent. Nous reprenons alors la formule d’Emmanuel Macron : « Quoiqu’il en coûte. » Quoiqu’il en coûte aux patrons et aux milliardaires.
VdH : La nationalisation de divers secteurs est-elle envisageable ?
J.-P.M. : Nous préférons parler d’expropriation, sans indemnité et sans rachat parce que ce n’est pas à la collectivité de payer un rachat d’entreprise. On a d’ailleurs vu le gouvernement de gauche de François Mitterrand faire une série de nationalisations à partir de 1981…
VdH : Mais par la suite, la gauche a à nouveau privatisé…
J.-P.M : En effet. Lionel Jospin a notamment privatisé à tour de bras. En général, les gouvernements nationalisent les pertes des entreprises mais privatisent les profits. C’est pourquoi il faudrait exproprier directement les entreprises qui licencient ou qui font des bénéfices sur la santé publique. Ce serait une mesure salutaire. On empêcherait ainsi des grands trusts pharmaceutiques – « Big Pharma » – de s’enrichir non seulement sur la santé mais aussi sur la mort des gens. Un certain nombre de vaccins anti-Covid ont été mis sur le marché mais ils sont la propriété privée non pas des scientifiques qui l’ont fabriqué mais des actionnaires, ceux de Pfizer par exemple. Seuls les travailleurs devraient pouvoir décider de lever les brevets. La propriété privée s’avère un obstacle à la généralisation des vaccins. Les laboratoires Sanofi n’ont pas le droit, par exemple, de partir du résultat des recherches de Pfizer pour améliorer le vaccin. Ce sont les lois de la concurrence et du profit qui s’appliquent. Je fais partie de ceux qui sont convaincus que les vaccins sont un levier profondément puissant pour lutter contre ces virus. Il devrait être interdit de faire de s’enrichir avec ces vaccins qui représentent un bien commun, non une simple marchandise.
VdH : Mais de tels changements nécessitent un investissement des travailleurs. Or, on observe une défiance envers la politique, une dépolitisation, une désyndicalisation en France, en dépit de quelques poussées sociales à l’exemple du mouvement des Gilets jaunes. Comment faire pour redonner le goût du politique aux citoyens ?
J.-P.M. : Il y a des choses qui dépendent de nous et d’autres non. Ce qui dépend de nous, c’est de défendre l’idée de la lutte des classes et de proposer un programme qui permettra aux travailleurs de se doter d’objectifs et de remporter des combats quand ils auront repris confiance en la politique. La dépolitisation existe, la démoralisation aussi. C’est le fruit des illusions électorales. La gauche a martelé à des générations de travailleurs que ce n’était plus par les grèves et la lutte qu’ils pouvaient changer leur sort mais uniquement par le bulletin de vote. Un bon président, une bonne assemblée… Le slogan de François Mitterrand était : « Changer la vie ». Mais nous ne pensons pas, à LO, que la vie des travailleurs puisse échanger grâce à une élection tous les cinq ans. C’est en menant une lutte quotidienne, avec nos petits bras, notre influence limitée, que nous pouvons le faire, et en profitant des élections pour faire connaître nos idées. Quant aux explosions sociales, elles ne dépendent pas de nous. Elles arrivent de façon inopinée, comme le montrent bien les crises de la Guadeloupe, des Gilets jaunes, de juin 1936, de mai 1968… Elles sont la conséquence des politiques du gouvernement. Dans ces moments-là, les idées communistes révolutionnaires peuvent jouer leur rôle, pour que les travailleurs restent maîtres de leur mobilisation et que cela aille le plus loin possible.
VdH : Les luttes sociales dans un système mondialisé et capitaliste apparaissent plus que jamais essentielles. Certains partis de gauche les évoquent, en dénonçant les plans de licenciement et les fermetures d’usine, mais quasiment aucun ne place réellement la cause et la question ouvrière au centre d’un programme. La question de la lutte des classes est-elle « passée » de mode ?
J.–P.M. : Très clairement oui. Et ce n’est pas récent. Les partis socialiste et même communiste, et la France insoumise, essaient de gommer à leur manière le fait que la société est divisée en classes sociales. Effectivement, pour nous, les élections, les campagnes électorales permettent de s’adresser à un nombre de travailleurs plus élevé que d’habitude et de pouvoir défendre l’idée qu’il existe bien deux camps. Nous mettons en avant le camp des travailleurs, ceux qui font tourner la société, qui produisent les richesses. Ces travailleurs ont des intérêts diamétralement opposés à une minorité qui s’enrichit malgré le Covid et la crise économique. Selon nous, ceux qui travaillent devraient réorganiser et diriger la société.
« Je fais partie de ceux qui sont convaincus que les vaccins sont un levier profondément puissant pour lutter contre ces virus. Il devrait être interdit de faire de s’enrichir avec ces vaccins qui représentent un bien commun, non une simple marchandise »
VdH : À gauche, certains estiment que le tort des principaux partis est de se concentrer sur les luttes sociétales… Les thématiques sociétales et sociales sont-elles antagonistes ?
J.-P.M. : À LO, nous sommes communistes révolutionnaires donc nous militons pour la construction d’une société où tout le monde puisse trouver sa place et vivre dignement quels que soient son genre, son orientation sexuelle, ses origines. Nous sommes néanmoins convaincus que c’est le capitalisme qui génère toutes ces injustices, toutes ces discriminations. Tant que la société de l’exploitation n’aura pas été mise à terre, impossible d’avancer sur les autres problématiques. Cela ne veut pas dire qu’il faut s’en détourner. Par exemple, nous avons été les premiers à présenter une femme à l’élection présidentielle. Plus qu’une femme, d’ailleurs c’était une travailleuse ! Elle n’avait pas fait de grande école, n’était pas prof ou ne sortait de l’ENA. C’était très important pour nous. Tout en défendant les idées communistes, il est évidemment possible d’être féministe, anti-raciste et de militer pour l’égalité des droits.
VdH : En se présentant à des élections tout en étant un parti révolutionnaire, le but de Lutte ouvrière a-t-il déjà été de gagner et de prendre le pouvoir ? Dans le cas contraire, quelles sont les raisons politiques et idéologiques qui justifient des candidatures trotskistes ?
J.-P.M. : Nous vivons dans un pays riche où il y a encore cette possibilité de s’exprimer par le droit de vote, par les élections. Il serait bête de ne pas utiliser cette possibilité pour dire ce qu’on a à dire, ce qu’on pense de la situation et puis de défendre des idées et des perspectives par la même occasion. Cela permet à ceux auxquels LO s’adresse, c’est-à-dire aux travailleurs, de pouvoir voter pour un parti politique qui représente leurs intérêts. Face aux candidatures d’extrême droite (Zemmour, Le Pen), il est heureux que Nathalie Arthaud puisse se présenter pour faire entendre sa voix et des idées opposées. Mais nous avons a eu parfois des élus dans les conseils régionaux, dans les conseils municipaux et même au Parlement européen (Arlette Laguiller de 1999 à 2004 par exemple) bien que nous ne soyons pas électoralistes. LO ne construit pas sa politique en fonction des séquences électorales. Nous tenons toujours le même discours, sans varier selon les scrutins et surtout sans s’adapter au courant majoritaire.
VdH : Lutte ouvrière a, depuis sa fondation officielle en juin 1968, réalisé des scores honorables lors de plusieurs scrutins, notamment quand Arlette Laguiller a obtenu 5,30 % des suffrages en 1995 et 5,72 % en 2002. Par la suite, les élections vous ont été moins favorables… Subissez-vous le désamour éprouvé par la gauche dans son ensemble ?
J.-P.M. : Ce désamour est la faute de la gauche au sens large. Une gauche qui a imposé dans les esprits un électoralisme où la vie pourrait changer à partir du moment où un bon gouvernement est mis en place. Or, quand le PS est arrivé au pouvoir, il a servi la soupe aux milliardaires, qu’il s’agisse de Mitterrand, de Jospin ou de Hollande. Ce dernier prétendait pourtant que son ennemi était la finance… Même à l’extrême gauche, des erreurs ont été commises. Le NPA avait affirmé par exemple que le sarkozysme était responsable de nos malheurs. Non, c’est le capitalisme qui en est responsable. Remplacer Sarkozy par Hollande a changé la vie des travailleurs, certes. Mais en pire ! Non pas parce que Hollande serait humainement pire que Sarkozy, mais parce que le patronat, en raison de la situation de crise économique, a exigé des mesures de plus en plus brutales pour protéger ses profits.
Quand on est au pouvoir, on se met donc à genoux. Je connais un seul ministre qui a eu l’honnêteté de démissionner quand il a compris qui avait face à lui : c’est Nicolas Hulot. Les lobbys (du pétrole, de l’automobile, des industries plastiques) l’empêchaient de développer sa politique écologiste. Je ne discute même pas de sa politique en tant que telle. Il était ministre mais il ne pouvait la mettre en œuvre. Je le répète : le pouvoir est au centre des grandes entreprises et des industries. Je milite donc pour que les travailleurs puissent diriger la société. Ce n’est pas une utopie, c’est une ambition politique. Aujourd’hui, il y a beaucoup de démoralisation et de dépolitisation car la gauche a trahi. Que font les électeurs ? Soit ils ne se préoccupent plus de politique et s’abstiennent, soit ils se dirigent vers ceux qui n’ont jamais gouverné, à savoir l’extrême droite. La gauche est là encore responsable, puisqu’elle a préparé le terrain de l’extrême droite avec des discours nationalistes.
VdH : Une politique économique et sociale de rupture est impossible à mener à cause des règles imposées par de l’Union européenne. Que peut-on faire ?
J.-P.M. : LO est favorable à l’explosion des frontières pour construire une République universelle, des États socialistes d’Europe.
VdH : C’est utopique, non ?
J.-P.M. : Ce qui est utopique, c’est de continuer à penser qu’on pourra encore vivre comme ça pendant des années, en temps de paix. Pas une semaine ne passe sans qu’on lise des déclarations d’un chef d’État américain ou européen qui accusent la Russie et la Chine d’être les méchants. Avant dix ou quinze ans, nous allons connaître des bouleversements économiques, sociaux et politiques qui redessineront nos sociétés. Quelle politique les États seront-ils encore en mesure de développer ?
VdH : La lutte intégrale contre le capitalisme passe par une réflexion sur les sujets bioéthiques et relatifs à l’intégrité du corps humain. Sur la GPA, la prostitution, la gauche est éclatée par exemple. Ces sujets sont peu abordés par LO…
J.-P.M. : C’est vrai qu’ils ne constituent pas notre préoccupation principale. Sur la prostitution, nous sommes clairs, nous sommes contre la marchandisation du corps. Il y a un recul de la conscience politique dans certains partis. Quand on est féministe, on ne peut pas théoriser une prostitution positive. C’est comme le voile. Nous sommes du côté des femmes qui refusent et combattent le voile, souvent au péril de leur vie. Cela ne m’empêche pas bien sûr de militer et travailler avec des femmes voilées à l’usine. Par contre, je condamne aussi la fausse laïcité de l’extrême droite qui vise à attaquer les femmes musulmanes. Néanmoins, le combat féministe est clair et net pour moi. Le voile est un signe de soumission de la femme. Pour l’extrême droite, c’est une manière perverse de voir la laïcité et même le féminisme : elle serait du côté des femmes qui restent à la maison. Elle ne défend pas les intérêts globaux des femmes. Pour autant, l’extrême droite a décidé d’être plus fine sur le sujet. Seul Éric Zemmour use de gros sabots. Marine le Pen est pour sa part plus vicieuse que son père : elle a arrondi les angles même si le fond du discours reste identique.
VdH : Pour la troisième fois, Nathalie Arthaud représentera LO à l’élection présidentielle. Comment se passe une désignation dans votre parti ?
J.-P.M. : C’est simple : les militants réunis en Congrès désignent le porte-parole et la candidate à l’élection présidentielle. On l’a vue à l’œuvre, ce qui nous permet de juger. Si Nathalie Arthaud a été reconduite pour la troisième fois, c’est qu’elle fait très bien le job. Elle se montre très à l’écoute des militants et très investie. Ce sont des qualités indispensables. Le moment crucial a été le passage de relai entre Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud. Nous n’avons pas fait de primaire pour ça. À l’époque, la France était divisée en 21 régions et nous avions donc 21 porte-paroles régionaux, 19 femmes et deux hommes. Forcément, le choix allait se faire parmi ces 21 personnes, qui avaient l’habitude de porter la voix au niveau régional, de faire des meetings, des tournées et de répondre aux journalistes. Nous avons porté notre choix sur Nathalie Arthaud, pas forcément car elle était une femme mais parce qu’elle était volontaire et qu’elle avait les qualités pour la tâche. Bien sûr, elle a dû apprendre à se repérer. Je l’ai vue évoluer et se transformer. On ne s’est pas trompé !
« Quand le PS est arrivé au pouvoir, il a servi la soupe aux milliardaires, qu’il s’agisse de Mitterrand, de Jospin ou de Hollande »
VdH : Lutte ouvrière revendique aujourd’hui 8 000 adhérents. Toutefois, la fête du parti à Presle semble mobiliser beaucoup de personnes chaque année. Pouvez-vous me parler de cette rencontre annuelle et de ce qu’elle symbolise ?
J.-P.M. : Notre fête est un rendez-vous politique. Durant trois jours, on organise des spectacles et des débats, on projette des films, on met en place des attractions. Il faut le faire une fois dans sa vie. En général, les gens reviennent. C’est une minuscule fête de l’Huma, dans un cadre champêtre. Certains s’engagent chez nous après s’être rendus à la fête. Nous faisons tout par nous-même, cela montre déjà aux gens qu’on est capable de s’organiser. Nous avons un petit budget. Celui pour les artistes s’élève à quelques dizaines de milliers d’euros, contre des centaines de milliers d’euros pour la Fête de l’Huma, ce qui est normal avec des têtes d’affiche comme Johnny Halliday. Et ça attire logiquement du monde. Notre raisonnement est inverse, nous n’avons pas de têtes d’affiche et souhaitons que les gens viennent pour nous.
VdH : L’argent recueilli vous sert-il à financer ensuite vos campagnes ?
J.-P.M. : Non, car si nous ne perdons pas d’argent lors de la Fête de LO, nous n’en gagnons pas beaucoup non plus. Nous sommes toujours bénéficiaires, dans le respect de l’équilibre budgétaire. Le financement de nos campagnes électorales provient des militants et des sympathisants. Nous faisons toujours des collectes, des souscriptions, mais sans aide particulière ni prêt de banque. Nos dépenses sont peu nombreuses, mais n’importe quelle campagne coûte cher. Pour la présidentielle 2022, je crois que le budget tourne autour de 2,5 millions d’euros. Il faut pouvoir les avancer, même si on est remboursé un an plus tard partiellement par l’État[1]. Le parti s’en tire toujours, financièrement, car il possède un siège modeste et il demeure une petite organisation militante avec peu de permanents.
VdH : Petite organisation certes, mais vous obtenez les 500 parrainages d’élus tous les cinq ans. Quel est le profil des maires qui vous accordent leur signature ?
J.-P.M. : Oui, mais nous ne les obtenons pas très facilement. Nous sommes très déterminés surtout ! Quant à leur profil, il s’agit de maires ruraux, de tout petits villages et de petites villes, en province, non encartés, salariés, ouvriers, agriculteurs, employés… Leur métier n’est pas d’être maire. Ce sont ces élus qui se sont retrouvés en première ligne pendant la crise du Covid. Notre discours sur la destruction du service public, sur l’argent qui va aux entreprises et non aux hôpitaux leur parle. Ils ont touché du doigt ce qu’on dénonce. Nous ne leur envoyons pas des mails, nous nous déplaçons, nous parcourons des milliers de kilomètres. Nous prenons des rendez-vous, nous discutons puis nous convainquons. Évidemment, LO ne demande pas aux maires d’adhérer à notre programme mais de faire en sorte que la démocratie puisse vivre. C’est une dépense d’énergie immense mais nous sommes très organisés.
Entretien réalisé à Paris le 14 décembre 2021.
Note :
[1] L’État avance une partie des frais de campagne de tous les candidats au premier tour. Il rembourse 800 423 euros pour les candidats qui ont fait moins de 5 %. Les candidats qui obtiennent plus de 5 % peuvent se faire rembourser 8 millions d’euros.
Photo d’illustration : Paola Breizh, Flickr, 2020 (image modifiée).
Un commentaire