
Après les propos jugés racistes prononcés jeudi 3 novembre dans l’hémicycle, le député RN Grégoire de Fournas a écopé de la sanction la plus lourde·: 15 jours d’exclusion et une réduction de moitié de ses indemnités pendant deux mois. Onze ans avant lui, le communiste Maxime Gremetz avait écopé des mêmes sanctions.
Le 3 novembre, l’Assemblée nationale a voté et rendu sa décision concernant les propos racistes du député du Rassemblement national Grégoire de Fournas, vis-à-vis du député insoumis Carlos Martens Bilongo. Il a été exclu durant 15 jours de l’hémicycle et ne peut donc pas participer aux prochaines séances. Ses indemnités de député seront aussi réduites de moitié durant deux mois, soit une amputation de 3·746 euros par mois sur un total de 7·493 euros. Ces sanctions, les plus lourdes prévues par le règlement de l’Assemblée, avaient été proposées par son Bureau, qui constitue sa plus haute instance.
Avant Grégoire de Fournas, seul le député communiste Maxime Gremetz s’est vu infliger ces sanctions dans l’histoire de la Ve République. Onze ans plus tôt, le 16 mars 2011, une réunion sur la crise nucléaire au Japon est en cours à l’Assemblée, quand ce parlementaire de 70 ans pénètre soudain dans l’hémicycle et se met à vociférer car des voitures ministérielles sont, d’après lui, mal garées. Éric Besson, ministre de l’Industrie à l’époque, tente d’apaiser la situation : « Les conducteurs sont forcément dans les voitures, il suffit que M. Gremetz le demande et ils vont bouger. » Le député Pierre Gosnat (PCF) rappelle que Maxime Gremetz n’est « plus membre du PCF », depuis l’an 2000. « Il est indépendant. Il fait la honte du groupe GDR », ajoute-t-il.
Le député PS Bruno Le Roux somme alors Maxime Gremetz de quitter les lieux, ce à quoi le député communiste répond : « Viens me le dire ici si t’es un homme ! ». À l’extérieur de l’Assemblée, Maxime Gremetz, toujours aussi énervé, se dispute avec des appariteurs, allant même jusqu’à les bousculer, tout en continuant de crier.
Antécédents
Le 23 mars, jour où il écope des sanctions d’exclusion temporaire et de réduction de ses indemnités, Maxime Gremetz dénonce une décision « bureaucratique et stalinienne » qui « n’a rien à voir avec la démocratie ». Exclu en avril du groupe GDR (PCF, Parti de gauche et écologistes), il démissionne de son mandat de député en mai, estimant « ne plus pouvoir remplir ses fonctions dans des conditions satisfaisantes ».
Et ce n’est pas le premier esclandre de ce protégé de Georges Marchais. En 2000, il a déjà été condamné à la privation de ses droits civiques, civils et familiaux et à deux ans d’inéligibilité pour avoir, deux ans plus tôt, pénétré avec sa voiture dans un meeting du président d’alors du conseil régional de Picardie, Charles Baur. À cette occasion, il touche un policier avec son véhicule. Néanmoins, Jacques Chirac décide de le gracier en 2002. En 2008, Maxime Gremetz donne un coup de coude à un collègue socialiste, Gilles Seguin, lors d’une séance du conseil régional à Amiens, ce qui provoque la chute de ce dernier. Mais Maxime Gremetz est relaxé au bénéfice du doute car il n’est pas prouvé que son geste visait délibérément à faire chuter l’élu.
Enfin, en novembre 2011, il bloque un véhicule de transport de fonds avec sa Citroën, tout en dégainant sa cocarde de parlementaire, alors qu’il n’est plus député. Il est finalement condamné à une amende de 2 000 euros pour « entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique » et « usage public et sans droit de document justificatif d’une qualité professionnelle ou d’un insigne réglementés par l’autorité publique ».